« Le psychomotricien évalue les fonctions sensori-motrices, perceptivo-motrices, tonico-émotionnelles et psychomotrices. Il analyse leur intégration, leurs interactions et il pose un diagnostic psychomoteur. (…) L’objectif des soins psychomoteurs est de permettre au patient de :
prendre conscience de son organisation psychomotrice,
d’en réduire les dysfonctionnements, qu’ils soient d’origine psychique (neuro) ou physique,
de restaurer ses capacités de participation et d’adaptation aux activités de son environnement.
Le psychomotricien instaure pour cela une relation thérapeutique en utilisant des techniques corporelles, manuelles,… ou des médiations telles que le jeu, l’expression artistique, l’éducation gestuelle, la relaxation psychomotrice … Ces médiations sont les outils proposés par le psychomotricien pour la réalisation du projet thérapeutique individualisé élaboré avec le patient ou sa famille.
(…) Dans son champ d’intervention défini par le décret d’actes de compétences, le psychomotricien assure des missions de prévention, de dépistage, de traitement, d’éducation pour la santé et d’éducation thérapeutique(…) » (SNUP).
La psychomotricité est une spécialité du développement global de la personne. C’est le carrefour entre la neurophysiologie et la psychologie.
Elle considère que les fonctions motrices, neurologiques, sensorielles et l’état psychique, affectif et relationnel sont liées et indissociables. Toutes ces modalités sont en lien et si l’une de ces fonctions s’altère, cela aura un impact sur les autres fonctions. Le psychomotricien tente d’identifier d’où vient la brèche tout en gardant en mémoire que l’impact émotionnel et affectif est primordial.
L’objectif est donc de favoriser, permettre ou restaurer l’harmonie globale de l’équilibre psychocorporel.
Rappel : qu’est ce que le développement psychomoteur ?
L’activité motrice est essentielle à tout individu pour son développement et son adaptation à l’environnement. Le développement psychomoteur résulte des fonctions neurophysiologiques et de leur maturation en interaction avec le vécu affectif et le développement cognitif. Ainsi l’enfant chemine à chaque âge vers un équilibre psychomoteur sous l’effet des stimulations de son entourage affectif et social. Il s’agit là des fondements d’un développement qui ne cesse de se poursuivre et de se réajuster avec les expériences qui accompagnent l’adolescence, l’âge adulte et la sénescence.
Cadre législatif
La psychomotricité est une profession paramédicale. Le psychomotricien intervient sur prescription médicale. Il ne peut exercer qu’après l’obtention d’un diplôme d’état en psychomotricité.
Avant son intervention, il effectue un bilan psychomoteur et crée un projet thérapeutique.
Champs de compétence
Le psychomotricien intervient à chaque âge de la vie: du grand prématuré, à la personne très âgée en fin de vie.
Il s’adresse à tous les types de handicap qui altèrent l’intégration et la bonne utilisation des acquisitions psychomotrices.
Outils
Le psychomotricien utilise divers outils pour élaborer son projet thérapeutique : Bilan psychomoteur dirigé (évaluation avec des épreuves standardisées et quottées- MABC2, NPMOT, etc), bilan d’observations psychomotrices, bilans annexes, comme le profil sensoriel.
Le bilan psychomoteur
Il permet d’évaluer la qualité de l’intégration psychomotrice. Les différents items évalués sont : Le Tonus (ajustement tonique), la Motricité globale (coordination, gestualité et harmonie), la Latéralité, Le Schéma corporel et l’Image du corps, l’Espace et le Temps, la Motricité fine, la Graphomotricité, l’Attention et la Concentration, la Gestion des émotions, et la Sensorialité ; mais aussi la manière dont l’individu interagit spontanément avec son environnement.
Ces fonctions sont comparées les unes aux autres, mais aussi par rapport à une intégration dite typique. Le psychomotricien tente d’identifier à quel niveau se situe la cassure dans l’intégration des fonctions motrices, sensorielles, cognitives (perception, orientation, structuration, modulation, organisation des systèmes entre eux, vitesse d’informations, etc…).
Le bilan permet de designer les besoins, les objectifs, le type d’accompagnement (rééducation, thérapie, intégration sensorielle, médiation), la durée et la fréquence. Le bilan s’effectue dans un temps précis et reste évolutif.
Profil sensoriel
C’est un outil d’évaluation des particularités sensorielles qui s’appuie sur la théorie de l’intégration sensorielle. Il peut permettre d’expliquer certains comportements par l’interprétation des différents traitements sensoriels et ses seuils neurologiques. (Hypo réactivité/hyper réactivité/trouble de la modulation).
Il permet d’établir des préconisations et une rééducation sensorielle, applicable au quotidien.
Il a pour fonction de rétablir un équilibre neurosensoriel par une gestion des autorégulations sensorielles et émotionnelles.
L’IME Amalthée accueille des enfants, adolescents et jeunes adultes avec autismes, troubles du spectre autistique ou troubles envahissants du développement.
Le développement psychomoteur est directement impacté par ce type de handicap, qui parasite la bonne intégration de l’ensemble des fonctions psychomotrices.
Le psychomotricien doit aménager et adapter ses outils d’évaluation, et son observation. Ses modes de communication et d’entrée en relation doivent être adaptés à la façon dont le jeune perçoit le monde environnant.
Les aspects émotionnels et sensoriels prennent une place prépondérante, d’où l’importance de s’appuyer sur des outils annexes de type profil sensoriel pour obtenir une image globale des jeunes.
Les particularités comportementales doivent être parfois perçues comme des régulateurs émotionnels. Le passage à l’adolescence et la traversée de la puberté sont le plus souvent des périodes délicates pour nos jeunes car les modifications hormonales, perturbent leur sensorialité et leur compréhension de l’environnement (déjà fragiles): Comment comprendre ces bouleversements lorsque les sensations sont décuplées au sein d’une structure psychique et anatomique instables, en raison d’un fonctionnement neurologique différent.
Les étapes motrices et sensori motrices n’ont souvent pas été investies : comment interagir avec son environnement lorsque le corps est mal perçu, que les sollicitations sensorielles sont potentiellement douloureuses, que les encouragements de l’autre sont incomprises voir parfois inquiétantes ; tout cela accompagné d’outils de communication méconnu.
Le psychomotricien participe à la création d’une carte d’identité sensorielle, émotionnelle, comportementale, motrice, relationnelle et cognitive du jeune. Il peut ainsi définir, en équipe, quels outils de communications sont nécessaires, voir primordiaux, pour le bien être du jeune. Il met en avant les besoins sensoriels, corporels et comportementaux ; les objets renforçateurs, facilitateurs et structurants, et participe à la compréhension des comportements dits problèmes, en réfléchissant aux mesures de protections, à trouver quels sont les objets anxiogènes voir douloureux pour le jeune accueilli.
A partir de cela, le psychomotricien tente de créer une relation plus sereine, et accompagne le jeune dans la perception et la compréhension de son propre corps ; il propose activités sensori motrices, rééducations sensorielles tactile, proprioceptive, vestibulaire ; activités motrices ; activités de régulation tonico émotionnelle ; activités de structuration spatiale, etc.
L’accompagnement en psychomotricité doit revenir à l’essentiel : l’intégration et la compréhension de son propre corps, avant de pouvoir envisager des apprentissages plus complexes.