Aurélie Goyetche et Loyse Malin sont toutes les deux psychomotriciennes au CAMSP ARISSE de St Michel-Sur-Orge (91) et passionnées par leur activité.
Elles témoignent de leur métier en CAMSP.
FORMATION…..
Le métier de psychomotricien est accessible par un Diplôme d’Etat. Ce diplôme s’obtient en 3 ans d’études. Les cours s’articulent autour d’acquisition de connaissances théoriques (anatomie, physiologie, psychologie, psychiatrie, psychomotricité, neuro anatomie, pharmacologie, santé publique.....) et de pratiques aux différentes techniques psycho-corporelles et médiations (relaxation, danse, théâtre....). Le psychomotricien est un professionnel paramédical que l’on peut consulter à tout âge, du bébé à la personne âgée. A la croisée de ses connaissances physiologiques, anatomiques, psychologiques et neurologiques, le psychomotricien peut ainsi mettre au coeur de son accompagnement le lien corps/ psyché.
POURQUOI CHOISIR CE METIER ? …
Le choix de ce métier, dans le large éventail de métier du soin et du lien, est que l’on est à la croisée du rééducatif, du thérapeutique, avec pour vecteur commun le corps et le jeu. Cela offre une diversité d’action et de médiation immense !
LE TRAVAIL DE PSYCHOMOTRICIEN …
De nombreux troubles peuvent entraver l’adaptation de l’individu à son environnement : difficultés motrices, psychiques, sensorielles, cognitives mais aussi relationnelles. Le psychomotricien va observer spécifiquement la façon dont une personne investit son corps : posture, manière de se mouvoir, estime de soi, douleur… Et aider au mieux la personne à gagner en aisance et en confiance dans ses capacités pour aller au maximum de ses potentialités.
A la suite d’un bilan psychomoteur adapté, le psychomotricien peut ainsi construire un projet personnalisé, axé sur un versant rééducatif, thérapeutique ou éducatif (bien souvent un savant mélange des 3). Découverte sensorielle, motricité globale, motricité fine, accordage tonique, schéma corporel, latéralisation, image du corps sont les grands items qui guident nos pratiques. Les séances de psychomotricité sont de véritables laboratoires d’expériences, autour de jeux moteurs, jeux symboliques, médiations variées (danse, peinture, musique, relaxation, jonglage…) et/ou de techniques spécifiques, afin d’amener la personne à explorer ses compétences et sa créativité. Une grande place est laissée au partage et au jeu !
QUELLES APPROCHES DANS LA PRISE EN CHARGE ?
Les différentes approches sont souvent liées à des courants de pensées : qu’elles soient comportementales, psychanalytiques ou humanistes. Et peuvent être axées sur un versant rééducatif, thérapeutique et éducatif.
Bien souvent, nous essayons d’ajuster et de proposer ce qui convient le mieux aux besoins de l’enfant afin de lui construire «un costume thérapeutique sur mesure ».
Notre pratique évolue au fil des années de pratique, et des formations que nous suivons : danse-thérapie, massage bébé, concepts de sensori-motricité selon A. Bullinger, méthode Bobath, aide à la communication (MAKATON, pictogrammes).
Tous ces outils sont essentiels pour nous adapter au mieux aux besoins de l’enfant.
ET PENDANT LE CONFINEMENT ?
Durant le confinement, nous avons dû adapter nos façons de travailler.
Le lien avec les enfants et familles s’est maintenu par téléphone avec l’écoute des inquiétudes de chacun. Cela a permis de donner des conseils très pratiques sur le quotidien, et les jeux en famille. Nous avons mis en place des outils vidéos sur des thèmes choisis, et des séances en visio avec certaines familles.
Cela a été d’un grand enrichissement, et finalement, ce qui était dans un premier temps une barrière a pu se transformer en de nouvelles manières d’interagir. Les familles se sont retrouvées au coeur du soin, et ont pu développer leur créativité et leur lien à leur enfant. Le confinement a eu sur certains enfants un effet de contenance (les murs de la maison, la présence de toute la famille sans impératif extérieur) extrêmement positif sur leur développement.
Malheureusement, pour d’autres enfants, le lien a été très fragilisé, et les familles, certainement prises par d’autres préoccupations, ont lâché ce fil avec l’institution. De plus, les séances en visio ne sont pas du tout adaptées à tous, et il a été moins évident de continuer à maintenir des soins de qualité. Nous retrouvons certains enfants à la rentrée qui ont peu progressé, voir régressé. P
ET LA PSYCHOMOTRICITE EN CAMSP ?
Au CAMSP, notre pratique est axée sur l’accompagnement psychomoteur des plus petits suite à un retard psychomoteur, ou dans un cadre préventif. Le soutien du lien parent-enfant ainsi que l’aide à des installations et jeux adaptés au quotidien guident notre pratique.
L’accompagnement au plus près des besoins de l’enfant, en respectant son rythme, nous permet de le guider vers la découverte de ses appuis, de prendre confiance en ses capacités et gagner en autonomie.
Au CAMSP, une séance de psychomotricité dure entre une demi-heure et 45 minutes. Avec ou sans la présence des parents. Nous essayons de ritualiser les séances afin de permettre la construction de repères à l’enfant et sa famille, afin de favoriser l’émergence du mouvement, ou du ralenti (!), de la construction du jeu, de l’expression de la créativité. Il peut y avoir un temps de jeu moteur (sur le tapis, au sol ou sur des parcours), et un temps d’activité à table par exemple. L’idée est que le vécu corporel accompagne la structuration de la pensée.
Au CAMSP, l’équipe est animée par l’objectif commun de permettre à l’enfant de gagner en autonomie et de développer au maximum ses champs de compétences. Les spécificités de chaque profession sont complémentaires : la kiné va axer son suivi sur l’aspect fonctionnel du développement moteur, l’orthophoniste sur le langage et la structuration de la pensée. La psychomotricienne sur la conscience corporelle, le vécu sensoriel, le désir et le plaisir à se mouvoir. Nous travaillons beaucoup en petits groupes ou en binômes (2 professionnels pour 1 ou 2 enfants), afin de mettre en avant cette complémentarité dans les séances. Le nombre de places en psychomotricité au sein du CAMSP étant limitée, les enfants ayant une prescription sont orientés en libéral. Le CAMSP et le praticien libéral restent au maximum en lien durant le parcours de l’enfant (réunions de synthèse). Les plus grandes difficultés au quotidien sont le manque de places et de moyens pour accueillir tous les enfants qui en auraient besoin.
La polyvalence du CAMSP est un atout, mais nécessite une adaptation constante à chaque enfant, et des connaissances et pratiques très variées qui demandent de l’expérience. Notre travail en CAMSP nous permet de voir l’évolution des enfants à des moments très forts de leur développement.
Voir un enfant acquérir la marche, commencer à interagir et à jouer, d’autant plus si c’est tardivement, est toujours une source de joie, partagée avec les parents !
Ce sont des moments très privilégiés.
Merci à Aurélie Goyetche et Loyse Malin pour leurs témoignages