Au CMPP de Juvisy Draveil (91), les équipes constatent une prévalence plus importante d’enfants présentant des troubles du spectre autistique dans les enfants qui sont accueillis, soignés et accompagnés. Cela représente 18 enfants sur les 540 de la file active.
Ainsi, depuis plusieurs années, le jeudi matin est un temps qui leur est « consacré ». ils sont reçus autant que possible ce jour-là, afin de permettre de créer un environnement favorable à leur accueil avec des équipes mobilisées.
Valérie Dubois, chef de service administrative au CMPP en témoigne : « Le jeudi matin, l’accueil de ces enfants qui présentent des troubles du spectre autistique est fait par une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, d’une psychomotricienne (qui travaille aussi dans un CATTP dont 80 % des enfants de la file active sont des enfants autistes) et d’une orthophoniste (qui travaille en parallèle dans un IME).
Séverine Ouaki, psychologue clinicienne au CMPP anime justement ces séances et elle témoigne dans la revue VST (Vie Sociale et Traitement N°45, paru en 2020) :
« ……Autour de la séance il y a une institution avec son cadre, son équipes et ses murs. Dans les couloirs du CMPP, on a pris l’habitude le jeudi matin d’entendre des bruits, de constater de l’agitation, de la déambulation … Comment accueillir ces voix d’enfants particulières au-delà des frontières de notre salle ?
C’est là que la notion d’équipe au sens large prend toute sa mesure car l’accueil de ces patients ne va pas sans un véritable engagement de l’institution. Les CMPP sont habituellement moins familiarisés par ce type d’accueil car ils ne disposent pas des moyens nécessaires aux besoins de ces enfants (…).
Mais face à l’absence de lieux de soin adaptés mis à la disposition des familles, il a fallu réfléchir et organiser une pensée autour de cet accueil, il a fallu faire de la place et tisser des habitudes de travail autour de cette prise en charge si particulière. (….)
Un travail de soutien et d’accompagnement des parents se met alors en place, l’inquiétude et le désarroi étant souvent au premier plan.
Pour fonctionner au mieux, il a fallu aussi organiser une supervision, s’associer aux collègues orthophonistes et psychomotriciens et créer de la pluridisciplinarité.
Nous avons dû étendre notre accueil à la salle d’attente et au secrétariat car pour ces enfants le suivi thérapeutique commence dès la salle d’attente pour se poursuivre aux toilettes et dans les couloirs. (…)
Accueillir ces enfants en CMPP, c’est accepter des modalités fonctionnelles un peu différentes de ce qui existe habituellement. (..)
Autour de la séance, il y a des familles, des parents avec lesquels il faut tenter de relancer une dynamique de développement et d’existence quand tout semble s’arrêter parce que le langage n’est pas là. (…)
Pendant quelques temps, des enfants vont être introduits à un temps et à un espace spécialement inventés pour eux par des professionnels qui vont conjuguer leurs capacités d’accueil, leur créativité et leurs élaborations communes pour tenter de sortir nos petits patients de la non-convergence des intérêts, de la non concordance des temps et du silence. »
Séverine Ouaki travaille aussi dans l’un des l’Hôpitaux de jour du service de Pédopsychiatrie de l’hôpital Pitié Salpetrière, en lien étroit avec l’équipe de l’unité d’enfants présentant des troubles autistiques et avec l’équipe du centre référent autisme de ce service.